La médication de Piché est inadéquate, selon Pierre Mailloux(Trois-Rivières) Le geste posé jeudi dernier par Alain Piché a fait bondir le psychiatre trifluvien Pierre Mailloux, qui suit avec intérêt les développements dans cette histoire. Le psychiatre, inquiet de voir qu'on suggérait des sorties non supervisées au cours des dernières semaines, avait même offert son expertise à la Couronne pour ne pas qu'Alain Piché sorte dans les conditions actuelles.«Les individus ayant une pathologie comme celle d'Alain Piché sont des bombes à retardement s'ils ne sont pas pris en charge de manière adéquate. Ce qu'il a fait est extrêmement dangereux, tant pour sa vie que pour celle des autres. Il aurait pu s'infliger de graves brûlures, ou pire encore. Mais rendu là, ces individus n'ont pas conscience de cette réalité», estime Pierre Mailloux.
Il y a quelques semaines, le psychiatre soulignait que la prédiction de dangerosité d'un individu était relative à son histoire passée. «Ce qui se produira dans le futur est relié directement aux éléments de violence déjà connus par cet individu. Dans le cas d'Alain Piché, il a tué, découpé en morceaux et congelé ses parents», avait-il alors déclaré.
Les nouveaux événements survenus jeudi soir laissent croire à Pierre Mailloux que le traitement suivi par Alain Piché ne convenait pas à son état. «Même à l'intérieur de l'hôpital, avec une médication soi-disant contrôlée, il a réussi à commettre un tel geste. Il faut absolument penser à prescrire à cet homme des neuroleptiques intramusculaires. Une dose à toutes les deux semaines, c'est le seul moyen que ses psychiatres ont de vraiment contrôler sa médication», estime Pierre Mailloux, qui n'hésite pas à se porter volontaire pour traiter ce patient. «Êtes-vous certains que vous n'avez pas besoin de Mailloux pour traiter un cas aussi lourd?» se demande le psychiatre, qui estime obtenir d'excellents résultats avec des patients présentant la même pathologie qu'Alain Piché.
Le psychiatre se demande d'abord si des dépistages de drogue ont été effectués sur le patient avant toute chose. Il estime aussi qu'il serait ridicule de l'envoyer à l'Institut Philippe-Pinel, comme le prévoit au besoin le tribunal, puisqu'il s'agit d'un institut médico-légal, au même titre que Sainte-Thérèse.
«Ce serait un triste aveu d'échec que de l'envoyer à Montréal pour effectuer le même travail que celui que nous sommes en mesure de faire dans la région», considère M. Mailloux.
Un goût amer pour la familleLa famille d'Alain Piché a fortement réagi, hier, en apprenant que l'homme avait probablement mis le feu intentionnellement à l'intérieur des murs de l'hôpital Sainte-Thérèse. Pour cette famille, qui s'oppose depuis le début à voir cet homme pouvoir bénéficier de sorties non supervisées, la preuve est évidente que le traitement suivi par Alain Piché n'est pas suffisamment efficace.
«Ça nous laisse un goût amer face à l'évaluation psychiatrique qui a été faite dans son cas. On nous assurait qu'il ne représentait plus une menace pour personne et qu'il prenait sa médication de manière surveillée. Et malgré tout ça, il arrive à mettre le feu à l'intérieur de l'hôpital, là où il est surveillé et contrôlé? Belle sécurité!», s'est exclamé Germain Martel, le cousin d'Alain Piché.
Depuis le début des procédures dans le dossier de Piché, la famille a toujours clamé sa crainte de voir l'individu commettre d'autres gestes qui pourraient nuire à la sécurité du public. La famille craignait d'ailleurs pour sa propre sécurité.
«Ce qui me choque le plus, c'est que cet homme a tué sa mère et son père, et qu'on s'emploie à tout faire pour le réintégrer dans la société. Là, il est accusé d'avoir mis le feu, et c'est juste à ce moment-là qu'on le considère comme un criminel», s'insurge M. Martel.
Ce dernier qualifie son cousin de manipulateur et considère le geste qu'il a posé comme un exemple clair et évident de ce trait de caractère. «On nous a toujours dit que son traitement était adéquat. Ils étaient même prêts à le laisser sortir sans surveillance. Quand on a su ce qui s'était passé, on est tous tombés sur le dos», lance Germain Martel, qui explique avoir appris les nouvelles accusations portées contre son cousin par le biais des journalistes.
«Depuis le début des procédures, nous (la famille) apprenons les nouvelles par les médias. Personne n'a jugé bon de nous prévenir de ce nouveau développement, bien que ce soit majeur», déplore-t-il.
Source : Paule Vermot-Desroches - Le Nouvelliste - (Cyberpresse)http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/mauricie/200903/24/01-839564-la-medication-de-piche-est-inadequate-selon-pierre-mailloux.php