Trop de crémage, pas assez de gâteau?
Les employés de TQS à Québec ont mal reçu les offres faites par leur patron au Doc Mailloux et à Stéphane Gendron et craignent que la télévision locale ne sombre dans les mêmes dérives que les radios de Québec.
Nous avons vu ce que le manque de salles des nouvelles a fait à la radio de la ville de Québec», peut-on lire dans le mémoire qu'ils vont déposer devant le CRTC la semaine prochaine. «On assiste depuis quelques années à la multiplication des émissions de radio parlées dites "Talk" où l'animateur émet toute une série de commentaires. On a vite fait de passer une opinion pour de l'information. Est-ce là le genre d'information auquel on a droit?»
En apprenant que TQS souhaitait réintégrer le docteur Pierre Mailloux et le maire d'Huntingdon, Stéphane Gendron, les défenseurs du service des nouvelles ont vu leurs inquiétudes confirmées.
«L'information, c'est comme une recette de gâteau», a résumé hier en point de presse le porte-parole des 50 employés de TQS- Québec, le journaliste Éric Lévesque. «Ce que Remstar veut faire, c'est enlever le gâteau et garder le crémage. Sauf que le crémage, à un moment donné, ça tombe sur le coeur si on a seulement ça.»
Ils rappellent dans leur mémoire qu'à l'exception de la radio de Radio-Canada, seule la radio privée CHRC a un service de nouvelles à Québec. Cette dernière est d'ailleurs menacée depuis son acquisition par le groupe Cadrin Tanguay et Roy, qui projette d'en faire une radio sportive.
On craint dès lors un scénario similaire pour la télévision. «TVA n'attendra pas 20 ans avant de réagir et de centraliser son contenu sur LCN. On va se retrouver avec une seule voix, Radio-Canada», a poursuivi M. Lévesque.
Ils soulignent qu'à Québec, le bulletin de nouvelles de 17h de TQS «occupe la première ou la deuxième place dans les sondages BBM». Pour eux, Remstar se livre à «un détournement de licence» que le CRTC doit bloquer comme il l'avait fait en 2004 en retirant la licence de Genex pour la station CHOI-FM.
Criant à la «montréalisation» des ondes, les employés rappellent que la région a déjà perdu suffisamment de sources d'information avec la fermeture de la salle de nouvelles de Global et celle de CHRC, auxquelles s'ajoute le conflit de travail au Journal de Québec.
Le mémoire que déposera la Ville de Québec abonde dans ce sens. «Remstar Diffusion propose de faire de la région de la ville de Québec une source de revenus publicitaires à son bénéfice, sans retour raisonnable à la région et ses citoyens». La Ville reproche en outre à Remstar de nier à la région «une importante source d'information».
À Québec comme ailleurs, les compressions dans les services d'informations vont commencer à se manifester lundi par la réduction du bulletin de nouvelles qui sera amputé de moitié. Dans la capitale, la production locale de nouvelles passera ainsi de dix heures par semaine à deux, d'ici au retrait complet des bulletins de nouvelles prévu pour la fin de l'été.
Source : LeDevoir.com