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| Sujet: Dernières Nouvelles du Dr. Pierre Mailloux - (29/09/07) Dim 30 Sep - 23:32 | |
| La méthode Paul ArcandL'homme des affaires publiques reprend du service dans le documentaire. Pour son deuxième film, Québec sur ordonnance, Paul Arcand se penche sur le goût prononcé des Québécois pour les médicaments, mais aussi sur la puissance du lobby pharmaceutique. Vous vous sentez interpellé? Tant mieux: «Faut pas arrêter de se questionner», soutient Paul Arcand.Les questions, c'est souvent lui qui les pose. À la barre de l'émission matinale du 98,5 FM et de sa propre émission de télé, Paul Arcand passe au menu haché ses invités, soulève des débats, sème la controverse et récolte les succès: on ne devient pas l'homme des vraies affaires pour rien.Après la DPJ dans Les voleurs d'enfance, Paul Arcand passe en revue les faits et méfaits de l'industrie du médicament dans Québec sur ordonnance: une consommation qui «ne cesse d'augmenter, et pas seulement en raison du vieillissement de la population», un lobby pharmaceutique «puissant», un patient qui rime avec «client». C'est grave, docteur?«Dans la société québécoise, il y a une augmentation année après années du nombre d'ordonnance de médicaments. L'explication, c'est toujours le vieillissement de la population. Là, on le voit par catégorie de médicaments et on constate que des maladies qui étaient avant extrêmes, comme les bipolaires, ont leur nombre de patients, qui, lui, augmente», dit Paul Arcand.Dans le collimateur de l'animateur, «les voleurs à cravate». «Avant de faire ce documentaire, j'avais deux idées en tête: soit les crimes économiques, les voleurs à cravate. Ou encore, l'industrie du médicament car je voyais les coûts de l'assurance médicament partir en flèche. Je trouvais aussi que quand on parlait du système de santé, c'était toujours sur les urgences», raconte Paul Arcand.Québec sur ordonnance montre plusieurs aspects d'un même problème, une société malade de ses médicaments. D'abord, il y a les patients. Toujours plus nombreux, toujours plus jeunes, toujours plus vieux, et qui prennent encore plus de médicaments. «On le voit, il commence à y avoir des prescriptions sur des enfants plus jeunes. On le voit pour le Ritalin. Avant, on était la province qui en donnait le moins, et maintenant on est celle qui en prescrit le plus», estime Paul Arcand.Autre problème, soutient-il, la hausse vertigineuse de prescriptions pour anti-anxiolytiques, antidépresseurs et consorts. «Quand vous mesurez le taux de cholestérol ou le taux de sucre, c'est facile. Quand c'est pour de la maladie mentale, comment faites-vous pour établir exactement?», demande-t-il.Le secrets de l'industriePour répondre à ces questions, Paul Arcand avance à pas de loups vers les industries pharmaceutiques. Depuis 2001 et la modification d'une loi sur l'accès à l'information, une compagnie, IMS, a compilé les noms, adresses et profils de prescription des médecins de la province. Un outil fort pratique pour les compagnies pharmaceutiques.«La seule chose que je sais, c'est que la liste IMS existe. Il y a le nom du médecin, l'adresse, et une cote. Ça permet de savoir qui prescrit quoi, et de savoir quel médecin inviter lors de conférences. Autrement dit, vous savez le profil de prescription de chaque médecin. Pour ne pas y être il faut signer un papier une fois par année», dit Paul Arcand.C'est ainsi que l'on voit dans le film Paul Arcand tendre à un Philippe Couillard gêné aux entournures la fameuse liste IMS. «Moi, si j'étais médecin, je voudrais pas que mon nom soit sur la liste. J'ai de la misère à comprendre que les médecins qui le savent acceptent d'être là-dessus», se contente-t-il de commenter.Paul Arcand montre aussi plusieurs collaborateurs de ministres de la Santé, parmi lesquels Pauline Marois, partis faire carrière du côté de l'industrie pharmaceutique. «Je sais qu'il y a du lobbying. Mais honnêtement, de savoir que l'adjoint parlementaire du ministre de la Santé Russell Williams se retrouve au bureau d'une de ces compagnies... Ce sont certainement des gens talentueux. Mais ils ont une bonne connaissance de la machine, disons», soutient Paul Arcand.Pourtant, les industries, les médecins ou les pharmaciens sont loin d'être les seuls responsables de la hausse des médicaments, croit Paul Arcand, qui met également de la partie les erreurs médicales, l'achat illégal de médicaments, la désinstitutionalisation des malades mentaux. «Au-delà de la douleur, il y a une facture associée à ça!» dit-il.Apologie de la polémiquePour discuter de l'ensemble du phénomène, Paul Arcand a convoqué des quidams, des docteurs et des psychiatres. L'un d'entre eux retient l'attention. Il s'agit du Dr Pierre Mailloux, plus connu sous son nom «d'artiste», Doc Mailloux qui, dans le documentaire, soutient qu'«il se mange des anti-anxiolytiques comme ça se peut pas, au Québec!»Source : GoogleUn choix que Paul Arcand, qui connaît bien le célèbre docteur, assume complètement. «Je ne l'ai pas amené sur des questions ou des considérations raciales, mais il a des pratiques quand même, je pense que ce qu'il dit est vrai, soutient-il. Son paradoxe, c'est qu'il donne des doses de fer à ses patients, mais il est en même temps l'un des psychiatres qui prescrit le moins d'antidépresseurs au Québec.»La polémique ne fait pas vraiment peur à Paul Arcand, au contraire. «Moi, j'aime les débats. Sauf qu'il n'y en a pas assez au Québec. Je trouve qu'on est une société où on a souvent peur des débats. Peut-être à cause des expériences référendaires, c'est toujours très personnel. C'est important d'avoir des débats plutôt que d'être dans des sociétés aseptisées par des firmes de relations publiques», affirme-t-il, regrettant même parfois de manquer d'invités pour les débats de ses talks-shows.Prenez les accommodements raisonnables. «C'est un des rares débats. Et le débat a eu lieu. Mario Dumont, il a décidé de pousser ça. Pendant longtemps, le gouvernement niait le phénomène des accommodements raisonnables, dit Paul Arcand. Et le débat aurait pu se faire il y a longtemps. Il y avait des malaises, mais personne n'osait en parler.»La méthode Arcand dans Québec sur ordonnance ne sera pas sans rappeler celles d'un documentariste américain bien côté. Le rapprochement avec Michael Moore le flatte-t-il ou l'irrite-t-il? «Honnêtement, je ne pense pas vraiment à ça. Ce que j'ai fait dans ce film n'est pas loin de ce que j'ai toujours fait à la radio. J'ai toujours fait ce genre-là: soulever des questions, susciter des débats, montrer des images», se défend-il.Preuve en est, ces questions dérangeantes qui ont fait sa renommée. «J'avais demandé à Lucien Bouchard: on vous compare à Maurice Duplessis. Est-ce que c'est un compliment ou une insulte? Il ne m'a pas répondu vraiment», dit-il, sourire en coin.Source : Texte de Anabelle Nicoud - La Presse | |
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